Piocéra Rallye 32ème édition, voilà c'est fait, contrat rempli !

Une semaine particulière et inoubliable sous le soleil est la chaleur à pédaler au quotidien… ou : des vacances à VTT pour la bonne cause, étant sur cette édition, ambassadeur de l'association « Les Roues de la Liberté ».

Amarante (Piaui), mardi 22 janvier, 9h du matin : c'est parti pour 4 jours de plaisir mais de torture par moments également ! 180 athlètes se lancent sur 87 km d'un parcours roulant que je vais boucler en 3h et 11min. Départ lancé derrière le pick-up officiel ; la meute de tous ces passionnés s'étiole rapidement sur le bitume des 8km de la bande d'urgence longeant la (BR) route nationale. Cette dernière sert de rampe de lancement de cette nouvelle édition.

Plusieurs paquets se forment assez vite avec quelques excités qui vont bientôt se calmer car il fait très chaud. Le round d'observation commence sur cette première journée de pédale sans difficultés majeures. Par contre, il faut déjà penser à gérer l'effort et se préparer pour la journée de mercredi annoncée comme l'étape la plus difficile du rallye…

Une fois à l'arrivée, nous rejoignons Floriano pour nous restaurer et se rétablir afin de préparer notre premier déplacement sur Oeiras, capitale historique du Piaui avant qu'elle soit déplacée sur Teresina. Arrivés sur place, une première surprise désagréable : la réservation de notre hôtel a été égarée !! On reste calmes malgré la forte contrariété que cela provoque et trouvons une autre solution au pays de l'improvisation.

Je me rends ensuite chez Jardel Bike un pote qui fournit l'assistance à tout un groupe de Fortaleza et avec qui j'ai passé un accord afin de lui remettre mon bike chaque soir à l'étape pour l'entretenir et le conditionner pour le lendemain. Vraiment très pratique car ici les vélos - comme nous - sont très sollicités et du même coup souffrent beaucoup. Cette manière de faire existe sur les grandes courses de plusieurs jours telles Épic Cape ou Brasil Ride ; c’est un petit plus qui nous rend vraiment la vie plus agréable à différents niveaux.

Le lendemain, ce ne sont pas moins de 110 km qui nous attendent avec environ 2000m de dénivelé positif, un véritable morceau de bravoure que je boucle en 6h30. Cela m'a apparu interminable mais bon, en serrant les dents y suis tout de même arrivé.

Merci à mon assistance qui m'a psychologiquement et physiquement bien aidé. Comme on a souvent l'habitude de le dire dans ces moments difficiles, c'est dans la tête que cela se passe et que l'on fait la différence. Ce fut mon cas sur cette journée distance Grand Raid.

Ensuite, nous reprenons la route pour une dislocation de 280 km afin de rejoindre Iguatu. Cette petite ville du Sertão central cearense sera le départ de la 3ème étape, un circuit d'environ 90 km que nous attaquerons demain matin. Après quelques petits soucis de GPS nous rejoignons tout de même l'endroit prévu à 22h. Nous ne sommes pas encore couchés, certes, mais bon, prêts tout de même pour attaquer le 3ème round !

Jeudi à 10h nous prenons enfin le départ après un report nécessaire car l'étape de hier a laissé des traces c'est sûr, aussi bien du côté organisation que participants…

Nous nous lançons sur un circuit très vallonné avec quasiment peu ou pas d'asphalte à parcourir. Nous roulons dans une chaleur étouffante car cet endroit est un véritable chaudron. Je marque sérieusement le pas en milieu d'étape et rejoins péniblement mon assistance à l'unique ravitaillement prévu ce jour-là. De plus, cerise sur le gâteau, je me fais avionner par le 3ème de ma catégorie qui me laisse quasiment sur place peu après la mi-course ; il a l'air d'avoir retrouvé toute sa grinta après sa chute du 1er jour.

Je termine cette étape dans la douleur en serrant très fort les dents.

Sans le soutien des natifs qui m'ont allègrement encouragé et ravitaillé en eau, je crois que je laissais tomber tant c'était difficile… Certainement l'accumulation de la fatigue et une récupération insuffisante. C'est vrai que je dors peu depuis le début de la compétition, pas bien du tout mais voilà…

Au soir de cette 3ème étape, nous débarquons un peu plus tôt à Juazeiro do Norte, aux environs de 18h. Cette magnifique ville bien organisée nous fait penser à l'Europe : propreté, organisation et gentillesse des gens ; bref cela fait le plus grand bien après ces régions chaudes traversées avec beaucoup de déchets qui traînent un peu partout. Le climat ici est également plus agréable. Bref que du bon pour cette fin de rallye. Vendredi 25, c’est déjà la dernière étape qui partira de Barbalha petite ville voisine de Juazeiro. C'est à cet endroit que sera offert le fauteuil roulant qui nous a accompagnés durant tout le voyage et que j'ai emmené dans mon véhicule depuis chez « Mitch ». Michel Peneveyre, via Les Roues de la Liberté, l'a généreusement offert pour le distribuer par l'intermédiaire de Radical Organisation qui chapeaute ce rallye. J'y reviendrais plus loin.

Cette ultime épreuve se dispute à nouveau sur un circuit de quelque 90 km au profil très varié et magnifique ; à part la pluie qui s'invite au 2/3 de l'étape c'était du top.

Pistes rapides et très changeantes niveau déclivité, suivies de très belles montées également avec un final pas piqué des vers. Nous rejoignons ainsi la magnifique forêt de la Serra de Araripe, réserve naturelle que nous avons le privilège de traverser. Un sanctuaire vert dans lequel les single track se succèdent sans interruption. Un vrai bonheur "d'enquiller lourd" dans ces conditions. Et c'est bien le cas juste avant que dame pluie surgisse et nous casse notre plaisir.

J'ai par moment juste le temps de voir d'énormes fourmis se sauver sous ma roue avant ; elles sont vraiment très très grosses sous ces latitudes. Pas une bonne idée de tomber ici car leur morsure ne doit pas être une partie de plaisir…

Je termine mon pensum un peu plus frais que le jour précédent, heureusement. A l'apparition de l'ultime panneau mentionnant « finish da prova 1 km », le film complet de ces 4 jours passés sur ma selle, soit environ 400 km parcourus et quasi 20h à pédaler, défile de façon désordonnée. Mes yeux s'humidifient par cette émotion forte qui me saisit et me remplit d'un coup d'un seul. Je baigne dans un moment de bonheur et de félicité indescriptible. Je franchis l'arche et la cellule d'arrivée serrant et brandissant le point droit en poussant un cri de joie qui me libère définitivement !

Tous les participants arrivés avant moi me congratulent et me félicitent d'y être arrivé et de l'avoir fait comme eux d'ailleurs : 4 jours à rouler sans chute, ni ennui mécanique c'est super bien. Mais terminer l'épreuve sans mise hors course et avec un temps total honorable, c'est encore mieux.

Le soir même, remise des prix et partie récréative habituelle incontournable. Une jolie fête avec une " grosse ambiance " conclut cette magnifique et difficile édition.

A bientôt